L’Absence

Qu’ai-je oublié, malheureuse !
La nature, sans relâche, engendre,
Mais, moi, je n’ai rien dans mon ventre,
Dans mon tracé où tout se creuse.

La vie en sait quelque chose,
Toujours elle donne par devant elle,
Sans rechigner, parce qu’elle est telle.
Mon pied, honteux, sur elle se pose.

Quelle terre s’ouvrira à la mort
De celle dont les fleurs tristes
Éclosent pour un tour de piste,
Fanent aussitôt, comme dans un sort ?

Va ma plume, si tu penses
Payer ton tribut par des mots !
L’encre n’est pas le sang et l’eau :
Quand tu grattes, la vie dispense.